Kendrick Lamar, artiste et figure culturelle incontournable, rejoint les rangs des ambassadeurs de Chanel. Avec cette collaboration, la maison français fait un pas stratégique qui peut en étonner plus d’un.
Une collaboration latente
Depuis son album phare good kid, m.A.A.d city en 2012, Lamar s’est imposé comme un conteur de son époque, mêlant provocation et critique sociale dans ses œuvres, tout en restant accessible au grand public. Son parcours, couronné par 22 Grammy Awards et le très convoité Pulitzer Prize, témoigne d’une influence qui dépasse les simples sphères musicales.
En 2024, Lamar et son studio créatif pgLang avaient déjà collaboré avec Chanel sur le court métrage The Button, présenté lors du défilé haute couture. Dans le clip de sa chanson Luther, en duo avec SZA, Lamar portait déjà des lunettes Chanel, soulignant une affinité naturelle avec la marque.

Un choix stratégique pour une nouvelle audience afro-américaine
Lamar n’est pas un ambassadeur ordinaire. À 37 ans, il s’adresse à une audience impliquée, expérimentée tout en restant foncièrement urbaine. Son influence ne se limite pas à une tranche d’âge spécifique, mais touche un public diversifié qui valorise l’authenticité et la longévité. En s’associant à lui, Chanel cible une clientèle qui voit au-delà des tendances éphémères, privilégiant des valeurs durables.
Kendrick Lamar ne correspond pas à l’image traditionnelle du rappeur souvent associée à un style ostentatoire ou à une jeunesse rebelle à laquelle Chanel s’est souvent associée. L’artiste incarne ici la maturité, la sobriété stylistique qui reflètent une nouvelle stratégie des collaborations entre les maisons de luxe occidentales et les représentations de la culture et du divertissement issus de la communauté afro-américaine.
En le choisissant, Chanel ne vise pas nécessairement une audience “street” à tout prix, mais sur une communauté plus posée et un profil moins juvénile qui donnent la priorité à la qualité plutôt qu’à l’apparat. Encore faudrait-il que les collections de Chanel elles-mêmes suivent à l’avenir cette même idée de sobriété et de qualité.

L’eyewear : un terrain d’expression stratégique
La collaboration débute avec la campagne eyewear printemps 2025, un segment clé pour Chanel. Plus accessible que ses sacs iconiques, la ligne de lunettes incarne une porte d’entrée vers l’univers de la maison, tout en restant un objet de désir.
Lamar redonne de la personnalité à l’objet, sans promotion ostentatoire ni criarde. La maison de couture se serait-elle assagie ? Si ce n’est que, ironie du sort, Chanel a tout de même pris le soin de s’associer avec un rappeur qui est actuellement en plein scandale et conflit hypermédiatisé avec Drake .. Be or not to be Chanel.
Photographie : Karim Sadli, Chanel
